Bonjour,
Ecrire, finalement, c'est quoi ?
Coucher des mots, laisser filer des idées de sa tête à sa plume (ici, en l'occurrence, à son clavier), ordonner et structurer les images mentales qui se bousculent de plus en plus (car j'ai constaté que plus on écrit, plus on a d'images en tête… ce qui ne facilite pas toujours le travail par trop d'éparpillement), compiler tous ces textes en chapitres, en parties, en roman…
D'accord.
Mais au-delà de l'écriture, il est une chose qui fait se mouvoir toutes nos cellules grises dans une direction plutôt qu'une autre : ce sont les émotions.
Moi, j'écris à l'émotion.
Plus précisément, j'ai besoin d'être émue pour écrire. Mes émotions me portent, me transportent, me libèrent. Elles ouvrent la vanne de la retenue créative que j'ai en moi et qui peut se montrer très capricieuse.
Cette retenue, nous l'avons tous. Une sorte de mare, qui contient tout et son contraire, notre imaginaire, notre créativité, nos folies, et que nous maintenons close par souci des convenances, par timidité, par écrasement du quotidien, surcharge mentale, censure, obligation, rigueur, par peur ou mille autres choses.
Je le vois dans mes ateliers d'écriture pour adultes (avec les enfants, c'est encore différent) : il faut peu de choses pour ouvrir la porte et que coule l'imagination. D'ailleurs, il est faux de dire que les adultes ont moins d'imagination que les enfants : les enfants n'ont pas les barrières que nous, grandes personnes, élevons en endossant notre rôle.
Mais qui a dit qu'être adulte était être sérieux ? Peu imaginatif ? Peu créatif ?
Ca aussi, je le vois dans mes ateliers d'écriture : quel que soit l'âge, le sexe, l'éducation, l'humeur, la personnalité, le tempérament de l'écrivant, quand on se lâche, on se lâche. Et quels résultats !
Bref ! Ecrire à l'émotion. Mais comment ?
Emotion, ça veut dire "mettre en mouvement". On ne peut pas faire plus adapté à la problématique de l'écriture, non ?
Se mettre en mouvement. Mettre en mouvement sa pensée, ses connaissances, ses sentiments… Mettre en mouvement ses doigts sur le clavier. Mettre en mouvement les mots qui défilent sur l'écran et notre œil qui les suit.
D'après Darwin, l'émotion est perçue comme un "motivateur qui influence le choix d'une personne en réponse à une situation interne ou externe. Quand ces situations sont récurrentes, elles entraînent des réactions d'abord volontaires qui peuvent devenir réflexe à force de répétition.
C'est ce que vit l'écrivain qui écrit à l'émotion : A force de s'émouvoir de tout et de coucher par écrit ce qu'il ressent, ça devient un réflexe. Les émotions sont à la fois le carburant, le moteur, le sujet, la motivation, l'aboutissement et l'objectif… Incroyable, non ? (ben non, en fait, si on y pense bien). Elles agissent sur nos comportements quotidiens, nos choix et nos perceptions. Elles peuvent rendre la communication plus efficace (ah, tiens !) et mobilisent les capacités perceptives et imaginatives (re-Ah tiens !). Elles rendent attentifs à la force et à la complexité de la vie (re-re-Ah tiens !)…
Mais oui ! Le travail de l'écrivain n'est-il pas de plonger dans cette complexité ? de mobiliser ses capacités perceptives et imaginatives ? Et de communiquer ?
Pour écrire mon dernier roman jeunesse, Les pointes noires, j'ai mis deux ans. J'ai récrit cinq fois le roman.
L'histoire est très personnelle, et j'avais déjà quelques émotions en réserves pour me porter. Je me suis bien sûr immergé dans le monde de la danse classique que je connaissais peu. J'ai assisté à des séances, visionné des films, des vidéos, des interview, rencontré des danseuses, découvert l'opéra, les concours, les vêtements, les chaussons, les pointes, tout ce qui fait ce monde si particulier de la danse, et qui a potentialisé mes émotions.
Au final, après deux ans de difficultés (et d'émotions sans cesse contradictoires), est sorti un livre qui, au bout de trois semaines, était déjà en réimpression. Les retours des lecteurs, jeunes ou moins jeunes, évoquent principalement les émotions.
Malgré mes craintes, le transfert a réussi.
Maintenant que je suis tirée d'affaire pour Les pointes noires, mon bouillon d'émotions s'est porté sur un autre thème : J'ai récemment vu une vidéo, qui m'a fait pleurer comme une madeleine. J'aime tout dans ce court-métrage : le sujet, qui me tient à cœur, le scénario, les personnages, la chute, la dédicace de fin qui m'a tiré les larmes. La réaction secondaire (c'est à dire celle qui est venue après les larmes) à mon émotion a été quasi-immédiate : j'ai décidé d'écrire un roman sur ce nouveau sujet (un peu éloigné de ce que j'écris habituellement, mais pas de mes convictions), en peaufinant mon scénario, en choisissant avec détails mes personnages, mon héros…
Mon émotion première - la tristesse - s'est transformée en une autre : une grande joie : celle d'en apprendre le plus possible sur le sujet, de poser les décors et mettre en scène, d'habiller intérieurement et extérieurement mes personnages, puis d'écrire, écrire et encore écrire.
Juste histoire de revivre ces émotions.
Et de les partager.
Ecrire, finalement, c'est quoi ?
Coucher des mots, laisser filer des idées de sa tête à sa plume (ici, en l'occurrence, à son clavier), ordonner et structurer les images mentales qui se bousculent de plus en plus (car j'ai constaté que plus on écrit, plus on a d'images en tête… ce qui ne facilite pas toujours le travail par trop d'éparpillement), compiler tous ces textes en chapitres, en parties, en roman…
D'accord.
Mais au-delà de l'écriture, il est une chose qui fait se mouvoir toutes nos cellules grises dans une direction plutôt qu'une autre : ce sont les émotions.
Moi, j'écris à l'émotion.
Plus précisément, j'ai besoin d'être émue pour écrire. Mes émotions me portent, me transportent, me libèrent. Elles ouvrent la vanne de la retenue créative que j'ai en moi et qui peut se montrer très capricieuse.
Cette retenue, nous l'avons tous. Une sorte de mare, qui contient tout et son contraire, notre imaginaire, notre créativité, nos folies, et que nous maintenons close par souci des convenances, par timidité, par écrasement du quotidien, surcharge mentale, censure, obligation, rigueur, par peur ou mille autres choses.
Je le vois dans mes ateliers d'écriture pour adultes (avec les enfants, c'est encore différent) : il faut peu de choses pour ouvrir la porte et que coule l'imagination. D'ailleurs, il est faux de dire que les adultes ont moins d'imagination que les enfants : les enfants n'ont pas les barrières que nous, grandes personnes, élevons en endossant notre rôle.
Mais qui a dit qu'être adulte était être sérieux ? Peu imaginatif ? Peu créatif ?
Ca aussi, je le vois dans mes ateliers d'écriture : quel que soit l'âge, le sexe, l'éducation, l'humeur, la personnalité, le tempérament de l'écrivant, quand on se lâche, on se lâche. Et quels résultats !
Bref ! Ecrire à l'émotion. Mais comment ?
Emotion, ça veut dire "mettre en mouvement". On ne peut pas faire plus adapté à la problématique de l'écriture, non ?
Se mettre en mouvement. Mettre en mouvement sa pensée, ses connaissances, ses sentiments… Mettre en mouvement ses doigts sur le clavier. Mettre en mouvement les mots qui défilent sur l'écran et notre œil qui les suit.
D'après Darwin, l'émotion est perçue comme un "motivateur qui influence le choix d'une personne en réponse à une situation interne ou externe. Quand ces situations sont récurrentes, elles entraînent des réactions d'abord volontaires qui peuvent devenir réflexe à force de répétition.
C'est ce que vit l'écrivain qui écrit à l'émotion : A force de s'émouvoir de tout et de coucher par écrit ce qu'il ressent, ça devient un réflexe. Les émotions sont à la fois le carburant, le moteur, le sujet, la motivation, l'aboutissement et l'objectif… Incroyable, non ? (ben non, en fait, si on y pense bien). Elles agissent sur nos comportements quotidiens, nos choix et nos perceptions. Elles peuvent rendre la communication plus efficace (ah, tiens !) et mobilisent les capacités perceptives et imaginatives (re-Ah tiens !). Elles rendent attentifs à la force et à la complexité de la vie (re-re-Ah tiens !)…
Mais oui ! Le travail de l'écrivain n'est-il pas de plonger dans cette complexité ? de mobiliser ses capacités perceptives et imaginatives ? Et de communiquer ?
Pour écrire mon dernier roman jeunesse, Les pointes noires, j'ai mis deux ans. J'ai récrit cinq fois le roman.
L'histoire est très personnelle, et j'avais déjà quelques émotions en réserves pour me porter. Je me suis bien sûr immergé dans le monde de la danse classique que je connaissais peu. J'ai assisté à des séances, visionné des films, des vidéos, des interview, rencontré des danseuses, découvert l'opéra, les concours, les vêtements, les chaussons, les pointes, tout ce qui fait ce monde si particulier de la danse, et qui a potentialisé mes émotions.
Au final, après deux ans de difficultés (et d'émotions sans cesse contradictoires), est sorti un livre qui, au bout de trois semaines, était déjà en réimpression. Les retours des lecteurs, jeunes ou moins jeunes, évoquent principalement les émotions.
Malgré mes craintes, le transfert a réussi.
Maintenant que je suis tirée d'affaire pour Les pointes noires, mon bouillon d'émotions s'est porté sur un autre thème : J'ai récemment vu une vidéo, qui m'a fait pleurer comme une madeleine. J'aime tout dans ce court-métrage : le sujet, qui me tient à cœur, le scénario, les personnages, la chute, la dédicace de fin qui m'a tiré les larmes. La réaction secondaire (c'est à dire celle qui est venue après les larmes) à mon émotion a été quasi-immédiate : j'ai décidé d'écrire un roman sur ce nouveau sujet (un peu éloigné de ce que j'écris habituellement, mais pas de mes convictions), en peaufinant mon scénario, en choisissant avec détails mes personnages, mon héros…
Mon émotion première - la tristesse - s'est transformée en une autre : une grande joie : celle d'en apprendre le plus possible sur le sujet, de poser les décors et mettre en scène, d'habiller intérieurement et extérieurement mes personnages, puis d'écrire, écrire et encore écrire.
Juste histoire de revivre ces émotions.
Et de les partager.